Evelyne de Behr propose la traversée d’un souterrain de 180 m de long. Le tunnel exigu fait 2 m de largeur et 1,80 m de hauteur. Seul dans l’obscurité, le spectateur est muni d’une lampe torche et coiffé d’un casque sonore. L’expérience allie un déplacement physique à une exploration intime. La traversée du miroir est vivement ressentie par le corps qui capte les fréquences basses de la terre et le rythme des battements cardiaques.
Evelyne de Behr a aussi investi le pavillon chinois et son double. A l’intérieur de chacun d’eux, elle a placé une toile noire de photographe. Elle l’a perforée de tout petits trous à l’aide d’une aiguille. Une source lumineuse est placée derrière la toile. La lumière traverse le support. Le spectateur fait face à un ciel étoilé au cœur d’une nuit d’encre. La référence à la série de ciels vus de nuit du photographe Thomas Ruff paraît évidente. Evelyne de Behr cite de grandes images de l’histoire de l’art tout au long du parcours, de Gustave Courbet à Sophie Calle en passant par Mapplethorpe. Des reproductions d’œuvres emblématiques sont également perforées de délicats trous d’aiguille. Les perforations débordent du cadre de l’image. En recentrant la vision sur l’empreinte infiniment petite d’un trou d’aiguille, l’artiste aiguise le sens de la vue. Elle cadre et décadre le regard du spectateur, conscient de voir ! La magie blanche d’Evelyne de Behr opère en pleine lumière. Le rituel d’envoûtement par l’aiguille n’est pas occulte, mais il éclaire la traversée du miroir.