Untitled (Porte D.), 2019 — Sculpture dans l’espace public 101e%
Evelyne de Behr & Léa Mayer,
Sculpture pérenne dans l’espace public.
La Porte D est réactivée chaque année avec les habitants du quartier social Destrier.
Mail de la Hacquenée — Site Destrier,
1140 Bruxelles
Avec le soutient de la SLRB
Au départ d’une résidence d’un an et demi à l’Espace Destrier, Evelyne de Behr et Léa Mayer ont nourri un projet dont la conclusion fait lien entre leurs pratiques artistiques, l’évolution du site et ses habitants passés, présents et futurs. Investies dans la Cité du Tornooiveld-Destrier depuis 2016, les deux artistes ont multiplié les rencontres avec les usagers. Les discussions sur l’histoire et la mémoire du lieu ont orienté leurs recherches, directement inspirées par ce contexte culturel, social et urbanistique particulier. Suite à Point Communs – un parcours artistique composé d’interventions attachées à la mémoire, aux récits et expériences de vie des habitants, Evelyne de Behr et Léa Mayer ont élaboré une œuvre participative qui pérennise aujourd’hui ce dialogue. Porte D est une sculpture impliquant une activation de la part des habitants du lieu. Réalisée par la SLRB, pour la Société Immobilière de Service Public COMENSIA dans le cadre du programme 101e%, elle s’intègre au cœur du quartier, à destination de tous. Porte D est la reproduction à l’échelle 1 d’un entrebâillement situé dans un appartement, celui-là même qui accueillit les deux artistes en résidence, bientôt démoli au profit de logements plus durables. Moulée sur place et orienté de façon identique à son implantation d’origine (axe 143° Sud-Est), cette porte est aujourd’hui un seuil ouvert sur le paysage environnant : un espace vert partagé, multifonctionnel, déployé à l’abri du brouhaha urbain. Des détails rappellent l’histoire première : un étroit pan de mur accueille la trace d’un interrupteur, les moulures évoquent le charme un peu désuet d’une salle à manger ou d’un salon dans lequel tout le monde peut virtuellement se projeter. La table a disparu, comme le couloir et les chaises. Si cela ne sent plus le savon noir, la cuisine et le tabac, si le béton a remplacé les boiseries, il y en a bien assez pour convoquer la mémoire et l’éthos des univers domestiques. Toutes les maisons ou presque connaissent un chambranle où s’inscrit la taille et le prénom des enfants. Il en va de même ici, car la Porte D est aussi une toise : chaque année, lors de la journée de la Porte, les habitants du quartier sont invités à en faire usage, activant l’œuvre et participant à son évolution. Rien de plus universel que cette mesure des êtres et du temps, cette attention bienveillante à l’enfance qui s’y inscrit, centimètre après centimètre, puis de strate en strate, au fil des générations. Léa Mayer et Evelyne de Behr conjuguent alors la mémoire collective d’un lieu aux souvenirs singuliers des êtres, déterritorialisent l’espace domestique au profit de rencontres et d’échanges socialisés, convoquent l’intimité au seuil d’un devenir commun. Il existe nombre de monuments n’ayant que l’horizon auquel se mesurer. Il en est d’autres, plus rares, qui s’impressionnent de gestes se situant en deçà ou de delà des symboles investis et qui œuvrent véritablement à faire lien. B. Dusart.
Cliquer ici pour lire le texte Porte D,— texte Benoit Dusart, sociologue, 2019
Cliquer ici pour lire le texte L’arche de l’alliance, Sandra Caltagironne, in l’art même, 2019, n°79, p29.